— 19 — tions à son clergé pour la propagation du culte catholique en langue serbo-croate. Dans un de ses mandements il s’exprime ainsi : « Je ne saurais vous dire la tendresse qui s’empare de moi au chant des louanges divines et à l’offrande du saint sacrifice de la messe dans la langue que i’ai sucée avec le lait de ma nourrice et que j’ai, hélas, dû perdre et oublier par suite d’un concours de circonstances malheureuses, ayant été obligé de quitter en bas âge ma patrie dalmate. » Les prêtres du Comté de Poglizze — comprenant une grande partie du territoire de Spa-lato, d’Almissa et de Sign, donc le centre même de la Dalmatie — furent les apôtres du peuple aux XVIIe et XVIIIe siècles. Dès le XVIIe siècle ils créèrent un foyer de culture slave au cœur même du pays. Quelques-uns de ces hommes sont restés à juste titre célèbres dans l’histoire dalmate. Leur activité, loin d’être entravée par le gouvernement vénitien, était considérée comme bienfaisante, comme un ferme appui de la résistance dalmate contre les Turcs, et Venise, dans sa sagesse, ne pouvait que -s’en réjouir. Elle n’avait nullement l’intention de priver le peuple de sa nationalité. Nous pourrions multiplier à l’infini les preuves de ce développement indépendant du slavisme dalmate qui dévoilait à nu la nature précaire de la domi-