— 200 — deux nationalités différentes, slaves l’une et l’autre, toutefois distinctes, à peu près comme la polonaise et la russe, poursuivant des idéals opposés, vivant chacune sa vie propre, et accouplées seulement dans l’esprit de quelques continuer à gérer les affaires de la province en opposition à la volonté de l’écrasante majorité du pays. A ces raisons de politique intérieure, il faut ajouter des considérations de politique extérieure. Avant cette guerre, l’Autriche n’a jamais regardé l’Italie comme une puissance bien redoutable. La question du Vatican, la partie liée entre Rome et Berlin, et, après 1880, la Triplice, la politique anti-française de Crispi, l’impréparation militaire chronique de l’Italie, la morgue de l’aristocratie viennoise, et la mentalité de la bureaucratie autrichienne expliquent suffisamment ce sentiment de sécurité, augmenté d’un léger dédain de la vieille monarchie vis-à-vis du jeune royaume. Au surplus, l’Italie donnait prise à cette appréciation des cercles viennois par son attitude empressée et complaisante, par les efforts qu’elle faisait pour faire oublier ses origines démocratiques et révolutionnaires en fréquentant assidûment les salons aristocratiques et réactionnaires de la Capitale danubienne. (Et ce n’est pas la dernière cause du mépris qu'on affiche en Italie pour les Slaves, mépris hérité de cette longue cohabitation avec les Autrichiens et les Magyars et qui était inconnu à la génération du Risorgi-mento). Les cris des irrédentistes italiens qui. bien malgré Bajamonti, identifiaient la cause autonomiste dalmate avec la leur, laissaient Vienne froide. (Ce n’est que beaucoup