d’une exquise originalité. Par contre, dans la poésie épique, dramatique et idyllique, ainsi que dans la prose religieuse, l’imitation qui irise parfois l’inconscient plagiat littéraire, est évidente. Les modèles sont les écrivains italiens, depuis Le Tasse jusqu’à Marini. Et pourquoi pas ? Quelle est donc la littérature qui n’ait pas été imitative, pendant le quinzième siècle et au delà, hors de l’Italie ? Et que penser de la littérature italienne elle-même de la première Renaissance? Je dirai même que le fait de l’imitation est un argument très puissant à l’appui du caractère slave de la Dalmatie. L’âme nationale avait donc un impérieux besoin de transfuser une littérature étrangère dans l’idiome natal. Sans cette tranfusion et sans cette métamorphose, l’âme poétique n’aurait pas trouvé son repos dans ce sentiment de possession matérielle qui est l’unique, vraie et profonde caractéristique de toute littérature nationale. Et la littérature slave de la Dalmatie est, dans le sens le plus élevé du mot, une littérature nationale. Tous ou presque tous ces écrivains étaient des patriciens. Autre légende dissipée par ce seul fait : la légende aveuglément acceptée et répétée d’une noblesse et d’une classe cultivée italienne opposées à un peuple slave rustique et inculte. Erreur profonde, qui a engendré d’autres graves erreurs, surtout celle de la pré-