— ¡92 — salles des tribunaux, sur les champs ensanglanté de l’Europe en armes. Dès que les hommes politiques serbes s’étaient aperçus du péril que l’occupation de la Bosnie-Herzégovine (1878) faisait courir à l’idée de l’union, ils avaient repoussé hautement le nouveau programme croate, si différent du programme commun adopté en 1861. Annexée à l’Autriche-Hongrie, la Bosnie-Herzégovine aurait, grâce à l’effrénée propagande cléricale catholique, fait reculer la Serbie au delà de la Drina, peut-être pour toujours. La Serbie aurait continué à vivoter, tout en s’anémiant dans les luttes de clocher et en imprégnant de plus en plus d’orientalisme sa mentalité et l’esprit de son administration. Ou bien, elle aurait suivi les autres pays serbo-croates dans le vasselage austro-hongrois ; et alors, elle serait, avec eux, devenue un vaste champ d’expérimentation pour le Drang nach Osten. Dans les rangs croates du parti national, quelques esprits fortement imbus de la pure idée slave se révoltèrent eux aussi contre ce programme. Dès l’année même qui vit le Congrès de Berlin et l’occupation des provinces serbes, M. Klaitch écrivait de Raguse (20 janvier 1878) à M. Bianchini : « Nous ne nous opposerons pas à l’occupation, puisque nous ne pouvons l’empêcher si elle a réellement été décrétée entre les Puissances. Mais nous devons, en face de cet événement, prendre une attitude passive, en