- 93 « Les Grecs n’ont pas greffé sur le peuple latin des éléments de leur civilisation en se romani-sant ; et les Romains eux-mêmes tirant des Grecs ces éléments-là, se sont conservés toujours Romains. Ainsi, par le fait seul qu’ils sont et se maintiennent Slaves en âme et en esprit, les Dalmates pourront satisfaire à la très noble mission que la nature leur réserva... Naturellement, le puissant attrait d’une civilisation avancée a ébloui leurs yeux, a fasciné les esprits vierges, séduit les cœurs d’un grand nombre de Dalmates et les a fait palpiter d’une irrésistible sympathie ; mais ce n’est pas une raison pour croire que ces Dalmates, oublieux de leurs frères moins favorisés et moins cultivés, veuillent les trahir. « L’idée d’italianiser la Dalmatie, même si jadis elle a eu tant de partisans, ne saurait en avoir un seul au temps où nous sommes. Pareille idée ne serait plus une folie, mais un crime. » Ces paroles si claires furent suivies d’autres, plus claires encore. Un hymne universel s’éleva en l’honneur du caractère national slave de la Province appelée enfin, après mille ans d’histoire, à déposer, en face de l’Europe civile, sur sa foi nationale et sur son état civil. Même les opposants à toute modification du statu quo ne furent ni les moins énergiques ni les moins explicites. Tous proclamèrent que, dans la future réorganisation de la Monarchie des Habsbourg,