— 221 — blime altruisme du petit pays. Aux moments les plus douloureux de son histoire, toujours, il repoussa les offres étrangères les plus séduisantes et les plus avantageuses et aux démons autrichien et turc qui lui disaient : « je te donnerai toutes ces choses, si, tombant à mes pieds, tu m’adores » toujours il opposa un refus hautain. La Serbie ne tomba et n’adora pas. Qu’une force irrésistible d’attraction résidât en elle, nous en avons la preuve dans ses grands paysans devant lesquels s’est toujours inclinée l’aristocratie du sang et de la pensée issue de notre race et exposée à toutes les séductions de la civilisation. Nous en avons la preuve dans cet extraordinaire Karageorge, figure titanique qui, des flancs d’un pays asservi, rejeté dans ses forêts séculaires, privé de tout contact avec une civilisation, qu’il avait pourtant connu et défendu, sut dérober — comme Prométée — l’étincelle qui embrasa toute la Péninsule du Danube à l’Adriatique et à l’Egée et signifia l’arrêt d’une mort lente mais sûre aux deux monarchies tyranniques, au bourreau de la chair et au bourreau de l’esprit. Nous en avons la preuve dans ce Milosch, l’organisateur du Piémont yougoslave, qui, en 1842, écrivait aux intellectuels de Zagreb : « Je remercie les chevaleresques Croates de leurs efforts dans le vaste domaine de la culture slave, de leur zèle pour l’affermissement et le développement de