— 176 — sociétés italiennes de propagande, ne doivent pas conduire l’opinion européenne à admettre l’existence en Dalmatie d’un noyau compact de Dalmates italiens réduits à la défensive, mais cependant contrebalançant le courant slave du pays. Derrière ce rideau de troupes de couverture, ces lignes de chiffres, ces dizaines de milliers de couronnes versées au profit de la Lega nazio-nale, derrière ces écoles, ces cabinets de lecture, perchés jusque dans les régions montagneuses de la Dalmatie, derrière ces bals et ce voile il n’y a rien. Il n’y a qu’un snobisme impénitent, soutenu et alimenté par l’état-ma-jor irrédentiste italien. Il n’y a que l’hypertrophie d’une pensée exilée de son milieu naturel, une propagande qui ne sert à rien, ne conduit à rien, sinon à compromettre pour des buts politiques obscurs se rattachant au triplicisme et à la politique du Congrès de Berlin, le nom pur et vénéré de l’Italie auprès de toutes les nations slaves et auprès de toutes les démocraties. Pour savoir quelle limites peut atteindre la création artificielle d’un noyau national, on ne trouverait certainement pas, dans l’histoire contemporaine, un exemple plus typique. dans une sorte de pénombre morale, propre à provoquer des conclusions hâtives et à maintenir l’esprit des hommes politiques dans une fâcheuse incertitude.