— 277 — tance contre les aventureuses entreprises de la Germanie, à supposer que celle-ci continue d’être impériale, impérialiste, impénitente. La mentalité du temps de la guerre de Crimée n’a plus de raison d’être devant le contraste miltonien que forment la fureur conquérante du teutonisme et le triomphe de la démocratie russe, laborieuse et pacifique. Voilà encore un très puissant motif pour ne pas essayer de combattre le libre développement des petites entités slaves, affamées de liberté, de justice et de paix. Mais bien plus encore qu’à l’Europe, c’est à l’expulsion des Turcs. Si la démocratie russe ne veut pas se charger de Constantinople et des Détroits, ceci ne regarde qu’elle. Mais alors c’est l’Europe libérale tout entière qui doit se charger du règlement de la question du Bosphore par une prise de possession collective de Constantinople et des Détroits et par un contrôle collectif dont — outre l’Angleterre, la France, l’Italie et la Russie — feraient aussi partie les Etats-Unis d’Amérique et les trois Etats balkaniques libéraux, a savoir la Serbie (ou le futur Royaume serbo-croato-slovène) la Grèce et la Roumanie. — Nous accorderions volontiers une place dans la Commission européenne aussi au représentant du glorieux Etat polonais, en souvenir de sa lutte séculaire avec les Turcs et des titres immortels qu’il s’est acquis sous les remports de Lvov et de Vienne à la reconnaissance de la Chrétienté. L’Europe régénérée et délivrée du cauchemar germano-touranien, ne saurait plus permettre l’existence d’un organisme ennemi et absolument irréformable, d’un élément pathogène, qui provoquerait à brève échéance de nouveaux malaises en Europe.