- 63 — suivre d’une manière aveugle ; sans, non plus, les insulter aveuglement. »1 La jeunesse répondit pleinement aux espérances que le grand Dalmate plaçait en elle. Si différents de ceux qui avaient pris leurs grades universitaires avec Tommaseo — voir ses Mémoires poétiques, où il n’y a pas encore trace de slavisme — les jeunes Dalmates de Padoue, épris des grands exemples de cette terre consacrée par Dante et par Giotto, s’attachèrent amoureusement au sein de la Mère slave, « absente mais présente. » Un des chefs de la jeunesse était le comte Or-sato Pozza, patricien de Raguse, âgé de vingt ans, dernier rejeton d’une très vieille famille slave, issue de Cattaro et depuis le Xle siècle, réputée une des plus illustres de la naissante République. Que personne ne se méprenne à l’aspect italien du nom. Originaires de l’hinterland serbe, les Pozza, dans l’ancien temps, s’appelaient Pocitch ou Bocinitch. C’est de ce nom qu’ils signent comme recteurs de la République de Raguse et dans les lettres adressées aux princes serbes (Voir Miklossitch, Monumenta Serbica). Au quatorzième siècle, près des rois et des empereurs serbes, les Pocitch occupent 1 Cette Iskrica a été traduite par Tommaseo lui-même dans le volume Etincelles. Elle est la vingt-quatriè-me dans l’édition de Zagreb. Cf. N. Tommaseo, Etincelles. Catane 1916, p. 76.