— 302 — thèse germanique des grands Etats et du Mit-tel-Europa. Que l’on regarde bien en face le problème et l’on verra que l’assertion est nulle. Nous sommes en droit de demander pourquoi les antiques possesseurs de la terre, ramenés à une vie nouvelle, délivrés de leurs chaînes séculaires et installés dans leur possession héréditaire, seraient incapables de défendre la patrie et l’accès de l’Orient? — Faisons un moment abstraction du fait que la défense de l’Adriatique serait toujours confiée à l’Italie. Par des arrangements précis avec la Yougoslavie et sans le poids mort d’acquisitions territoriales, l’Italie jouirait de l'incontestable maîtrise de la mer. Ni l’histoire, ni la nature des régions, ni le tempérament des peuples slaves ne justifient à leur égard l’appréhension d’une défaillance. Nous avons vu de nos yeux la petite Serbie (qui représente à peine un tiers de la future Yougoslavie) rejeter dans le fleuve les légions de la puissante Autriche, fugientibus-que Aegyptis occurrerunt aquae, et involvit eos Dominus in mediis fluctibus... nec unus quidem superfuit ex eis (Exode XIV). Et nous avons vu des Etats très grands et très puissants vaciller sous l’impétuosité des légions germaniques, et l’Europe entière n’avoir d’autre salut que dans la plus intime cohésion de toutes ses armées. Douterait-on de la cohésion yougoslave contre l’ennemi et de notre force de résistance ? Pourquoi ? Parce que, par amour de la fameuse