— 28o - cet empire germanique, qui passe par-dessus tout droit de nationalité pour étendre ses confins sur les territoires d’autrui et qui proclame l’inutilité et la nullité même ethnique et intellectuelle des nationalités secondaires? Imiter demain la Germanie, n’est-ce pas l’absoudre pour hier ? Les Allemands n’auraient-ils pas le droit de conclure que s’ils ne furent pas cette fois les plus forts, c’est leur tort unique, puisque l’Italie victorieuse suit leur exemple ? Trêve de phraséologie et de rhétorique. Et que le peuple italien regarde les choses bien en face. On invoque les noms de Rome et de Venise. Mais un peu de réflexion fera justice de cet anachronisme et délivrera les Italiens du cauchemar des souvenirs historiques. L’une et l’autre ville ont formellement condamné la politique qui, adaptée à leur temps, comporterait aujourd’hui pour ces deux glorieux noms une évidente dégradation de leur pensée. Venise s’est fondue avec la famille italienne. De cette fusion furent et sont naturellement éliminés tous ces éléments féodaux dont était construite sa souveraineté adriatique et levantine. En abandonnant un passé millénaire, Venise abandonna ses conquêtes, désormais incompatibles avec le principe auquel elle sacrifiait son individualité et son histoire. La chute de Rome donna naissance au droit national, dont l’empire romain était la négation même.