— XXIV — L’existence de l’Empire Ottoman fut donc la condition d’existence de la souveraineté vénitienne comme elle fut plus tard la condition d’existence de la souveraineté autrichienne. On tenait les pays slaves comme des colonies et des présides contre les Turcs. Après la chute de Venise, l’empire des Habsbourg la remplaça. La fin récente de la Turquie d’Europe fut le premier grand acte du drame de la délivrance de la Dalmatie et des autres pays slaves du même sang. Le second acte sera la disparition de la domination autrichienne. 'Le prologue fut la disparition de la domination vénitienne. C’est avec ce rythme que tout s’explique dans l’histoire de la Dalmatie. Elle ne joua à aucun moment de son histoire un rôle quelconque dans la vie politique et nationale de la péninsule d’outre-mer, si ce n’est du temps de Rome au même titre que la Gaule, l’Espagne et la Bretagne. La Dalmatie a pu être une parcelle d’un empire sans étiquette nationale. Mais dès qu’une forme nationale se dessina sur le continent occidental balkanique, la côte orientale de l’Adriatique subit immédiatement l’attraction de cette forme nationale. Ce fait découle de la situation géographique de la Dalmatie. Et de cette situation découle aussi une autre vérité axiomatique à savoir qu’aucune puissance n’a pu longtemps posséder la Dalmatie sans être en même temps la maîtresse de son arrière-territoire. Les deux provinces serbo-croates de