— LIII — Le roi renonça à la perception du tribut vénitien et permit au doge de prendre le titre de Dux Dalmatiae. Cet accord fut suivi du mariage de la fille du doge Orseolo avec le fils du roi Kresimir, Etienne (1008). Le mariage vé-néto-croate eut son pendant trois ans plus tard dans le mariage du fils du doge Orseolo, Othon, avec la sœur du roi de Hongrie, Etienne-le-Saint (1011). C’est ainsi que les deux maisons royales de Croatie et de Hongrie, les Kresimirovitch et les Arpad, s’allient entre elles sous les auspices de Venise. Ce fait capital détermine toute l’histoire de la Dalmatie et de la Croatie. La Hongrie succédera à la Croatie en vertu d’un pacte de mariage et Venise en profitera pour alléguer elle aussi des droits sur la Dalmatie. Cette politique ne diffère en rien des méthodes suivies tout le long du Moyen Age et aussi en plein Age Moderne : la vente des nations et des provinces comme apanages et dots de familles royales. Les derniers vestiges de cette politique obstruent même de nos Jours le libre développement des peuples. Le mariage vénitien n’empêcha naturellement pas le roi Kresimir de reprendre la Dal- famille des Slavitch qui, à l’époque du marasme vénéto-dalmate, fut rebaptisée Rossignoli. (Slavitch est un mot serbo-croate qui signifie le Rossignol — en italien Rosi-gnolo)