— 293 — nôtre par la vivacité du tempérament, par la spontanéité des mouvements du cœur, par un certain abandon familier et un aimable scepticisme qui se concilient admirablement avec la large et souple nature slave, le peuple italien a un caractère bien différent du visage sévère sous lequel une grande partie de la presse italienne voudrait le présenter au monde. Nous ne nous laissons pas égarer par les basses rancunes des exilés et par les efforts de vengeance des attardés du parti autonomiste italien de la Dalmatie. Un d’entre eux, tout en s’efforçant de conquérir à la cause de l’oligarchie un illustre publiciste anglais, n’a-t-il pas, dans un élan de sincérité, osé déclarer que tous les prêtres et tous les instituteurs de la Dalmatie doivent être jetés à la mer? Nous sommes convaincus que, soustrait à ces influences, le gouvernement italien tenterait l’impossible pour s’assurer les sympathies du peuple serbo-croate. Mais, au plus doux des régimes étrangers, nous opposerions la réponse qu’en 1860 les patriotes lombards faisaient à un publiciste français : qu’ils ne souhaitaient pas que le peuple fût bien traité par les Autrichiens, car, alors, son affranchissement en serait retardé. Et, avec César Balbo, nous répondrions : « Somme toute, si bon qu’il soit, un gouvernement étranger est plus funeste à la nation que le plus mauvais gouvernement national ; celui-ci est passager et laisse la nation à ses meilleures destinées.