— 24 — principes internationaux de l’art, attitude qui ne peut se développer complètement que dans une atmosphère de complète indépendance nationale. C’est là une nouvelle preuve de l’individualité marquante de la Dalmatie. Dans ce pays, en effet, s’affirme la présence d’une force nationale, qui, par sa structure intime et par ses manifestations de l’idéal artistique, est distincte de la force nationale qui travaillait la péninsule voisine. Preuve encore de la très ancienne slavisation à laquelle la Dalmatie doit son originalité. Non, ce n’est pas une invasion de tribus pastorales dans la vieille enceinte des villes romaniques, mais c’est une merveilleuse fusion de toutes les classes, surtout des classes anciennes, puissantes et riches, qui oriente le vaisseau dalmate vers la terre promise de l’unité. Fusion bien antérieure à Dante, fusion qui, malgré l’aspect des monuments et malgré les inscriptions triomphales, fait de la Dalmatie le berceau de la pensée slave. Des maisons slaves, riches, puissantes et très nobles, comme les Possedaria et les Begna de Zara, comme les Fanfogna de Traù, comme les Katchitch du Primorié, célèbres dans les armes et dans la politique, mêlent dès le onzième siècle, leur sang au sang des rejetons latins. Elles supplantent la pensée latine. Et Venise n’en a cure. De même, Rome ne voulut jamais se soucier des obscures gesta-