— 91 — de la loi naturelle formulée plus haut, il y eut dans toute la Dalmatie, depuis le commencement de la grande lutte, non pas entre Italiens et Slaves, mais entre Autonomistes et Unionistes, un plébiscite unanime en faveur du caractère slave de la Province. La lutte engagée alors ne se dessine pas comme la résistance d’un élément italien et absolument aborigène contre une poussée de foules sans nationalité, inconscientes de leur caractère slave, aveugles instruments des frauduleux artifices de Vienne. Dire cela, c’est avancer une assertion démentie par les faits. On ne peut la soutenir qu’en falsifiant délibérément l’histoire. En réalité, le peuple dalmate, c’est-à-dire la grande majorité agricole du pays, ne fut pas même consulté au début de la lutte. Les 15.672 dalmates qui, dans la statistique de 1860 (compilée en pleine orgie bureaucratique autrichienne italianisante) figuraient comme « parlant habituellement l’italien » étaient représentés, à la Diète dalmate de 1861, par vingt-six députés. En revanche, les 400.000 « au parlage slave », selon l’expression cynique d’un exilé dalmate, n’avaient que quinze députés pour les représenter. On vit donc ce miracle : les vingt-six députés représentant une infime minorité du peuple dalmate rivalisaient avec les quinze représentants de l’énorme majorité slave à qui affirmerait le plus énergique-