— LXI — complète personnalité politique et nationale. En effet, elle a saisi depuis toutes les occasions historiques qui se présentaient pour affirmer la nature fédérale du lien qui l’unissait à la Couronne hongroise. Des innombrables déclarations des assemblées nationales croates nous retiendrons ici une seule qui, pour la clarté du fond et pour l’énergie de la forme, ne laisse rien à désirer. C’était l’anrtée 1712, sous Charles VI Empereur (en Hongrie et Croatie Charles III). Les Etats-Généraux croates, invités à reconnaître la Pragmatique Sanction, tinrent à préciser la nature du lien qui les unissait à la Couronne. « Nous sommes libres — écrivaient-ils au souverain, — non esclaves. Tout en faisant partie de la Hongrie, nous ne sommes pas ses sujets ; nous avons eu nos rois nationaux qui n’étaient pas des Hongrois ; aucune force, aucune servitude ne nous a soumis aux Hongrois ; mais c’est en vertu de notre libre volonté que nous nous sommes soumis, non au royaume, mais au roi. » 1 Voilà le texte latin de cette mémorable déclaration : « Liberi sumus, non mancipia... Partes quidem sumus, uti leges loquuntur, annexae Hungariae, non autem subditi ; et nativos olim habebamus, non Hungaros reges ; nulla-que vis, nulla captivitas nos Hungaris addixit, sed spon-tanea nostra ultroneaque voluntate non quidem regno, verum eorundem régi nosmet subiecimus... »