— 279 — rait de nouveaux impôts et de nouveaux tributs militaires. Si la sécurité, le prestige et la puissance productive du pays peuvent être obtenus sur la base d’un autre programme que la conquête, est-ce que le peuple italien repousserait ce programme par amour des incitateurs « d’une vie plus énergique » et du militarisme masqué ? Il faut le dire franchement : pour l’Italie, le principe de nationalité est, en première ligne, le plus pratique, le plus efficace, le plus élégant, le plus noble moyen de résoudre le problème adriati-que et les relations italo-slaves. En Italie, la guerre à l’Autriche n’est-elle pas nationale par excellence ? Et quel autre motif justifierait une guerre offensive qui, sans ce principe et sans son esprit créateur, serait un scandaleux abus de la force ? Sans l’idéal précis et pratique pour lequel les soldats italiens combattent sur les Alpes, l’Autriche aurait tous les droits possibles de prolonger son existence de polype multiforme, puisque des droits nus, l’Empire en a à revendre. Non, l’idée d’une Italie débordant au delà de ses limites ethniques et naturelles, l’idée de conquête drapée du principe national, comme l’entendent les Allemands dans les Flandres et en Alsace, ce n’est pas un fruit de l’Italie. C’est un rêve caressé, à l’ombre de l’Upas tripliciste, comme un commode moyen de rhétorique pour exploiter l’enthousiasme italien au profit d’autres buts ténébreux mais cependant assez clairs. Les Italiens imiteraient-ils donc