— XCVIII — grandeur à notre langue non seulement par une florissante littérature, mais aussi par un contact permanent avec le peuple serbo-croate de l’ar-rière-territoire. Par ses institutions arbitrales, par son commerce, par ses églises, depuis Sa-ralevo jusqu’à Roustchouk et Varna, elle soutint la Chrétienté slave. Le travail diplomatique et national de Raguse n’est pas le dernier facteur des mouvements révolutionnaires yougoslaves du XIXme siècle. Venise doit se muer en puissance slave dès qu’elle aborde directement le monde qui gronde aux portes des villes qu’elle tient sous l’empire de sa flotte. Dès qu’elle veut faire concurrence à Raguse, elle part pour la conquête économique des pays slaves avec une nuée de Dal-mates qui, par le véhicule de la langue, lui facilitent le contact avec le slavisme balkanique. Raguse rassemble comme dans un centre focal toutes les traditions communes de notre race. Elle se fait le héraut des espoirs slaves. Ses grands poètes placent sur le même rang, comme un seul et même ennemi, Venise et la Turquie, lorsqu’ils s’envolent vers les libres espaces de l’avenir. Ils rêvent un empire slave. Ils invoquent les grandeurs disparues. Attentifs à tous les bruits qui viennent du large, ils appellent au XVllme siècle la Pologne pour délivrer la Chrétienté slave. Ils s’inspirent plus tard des poètes polonais et ils attestent par là, la grande spontanéité du mouvement qui de