— 193 — attendant de voir ce qui en résultera. Si l’occupation s’accomplit dans un sens national, c’est-à-dire dans le but de délivrer et d’unir les populations de là-bas avec les nôtres, nous l’approuverons, tout en refusant d’y applaudir, même dans ce cas. Mais si l’occupation de la Bosnie doit simplement porter l’estampille autrichienne et être une entreprise autrichienne, alors nous élèverons la voix, c’est-à-dire nous regretterons la disparition du régime turc ». Le parti croate n’était pas unanime à partager les idées élevées du chef de la majorité slave en Dalmatie. Les Croates cléricaux applaudirent à l’occupation de la Bosnie-Herzégovine et à l’annexion qui alors paraissait imminente. Ils y voyaient l’acte final d’une évolution purement croate, destinée à dresser une barrière clérico-nationa-le contre le serbisme orthodoxe balkanique. Les hérédités continuaient d’être aux prises, tandis que, encore inconsciente, germait dans les âmes de ses adversaires eux-mêmes, l’idée d’union des temps nouveaux préconisée par beaucoup d’éminentes personnalités de Croatie, de Dalmatie et de Serbie. Le grand historien croate François Ratchki avait écrit : « Les Croates disent franchement aux Serbes : Ce ne sont pas des rêves de suprématie qui nous agitent. On ne peut parler de suprématie entre les portions du même peuple. Si vous vous sentez capables d’accomplir l’œu- 13