— 272 — rieur et indépendante au dehors. Et à cette seule nation on refuserait le bénéfice de l'application intégrale du droit de nationalité? Et ce fait (l’existence d’une compacte nation serbo-croate-slovène) n’a-t-il pas été proclamé par les puissances alliées et enregistré dans la mémorable note du 10 janvier 1917 ? Certainement, ce ne seront pas des défauts de précision ni des termes ambigus qui pourront égarer l’opinion publique européenne, ni supprimer les aspirations d’un peuple. Après que les deux empires de proie, la Prusse et l’Autriche, eurent piétiné le petit et glorieux Danemark, elles eurent la pudeur d’insérer dans le traité de Prague — fruit de Sado-wa — un article (l’article 5) qui, tout en anéantissant la vie nationale danoise dans le Sleswig, contenait la stipulation suivante : « Les populations des districts du Nord du Sleswig seront de nouveau réunies au Danemark si elles en expriment le désir par un vote librement émis. » Un demi-siècle plus tard, le peuple attend, non pas des empires centraux, mais des Alliés, l’accomplissement de la promesse de Prague. En 1917, les victorieuses troupes anglaises occupent Bagdad ; et leur commandant en chef, dans sa proclamation, déclare ce qui suit : « Le gouvernement anglais n’entend point imposer aux populations du Vilayet des institutions étrangères ; il entend, au contraire, réaliser les aspirations de vos philosophes ; et il forme des