— 3o4 — pacifiquement, pendant des années, laissé consommer de terribles injustices, et laissé l’Alle-mand, le Magyar, le Turc commander en maîtres? Et on en rendrait maintenant responsables ceux qui furent les victimes les moins préparées, les plus innocentes, les plus augustes? Non, la vérité est nue. L’Europe entière a, pendant des années, supporté le cauchemar des armements causés par les quotidiennes exactions d’une grande race militaire, et a dû maintenir un statut politique qui était la négation même du principe de nationalité et l’apothéose de la rapine. La guerre acuelle est plus qu’une guerre ; c’est une profonde révolution, une poussée des démocraties en vue d’un arrangement plus organique du monde, un essai gigantesque, une Instauratio Magna du droit et de la liberté des peuples contre la thèse des frontières stratégiques, des armements, des intérêts purement locaux et égoïstes superposés à ceux de l’humanité et de la vie sociale. Avouons-le sincèrement, d’un côté et de l’autre de l’Adriatique. Ni l’Italie toute seule, ni la seule Yougoslavie ne pourrait dans l’avenir barrer le chemin à une nouvelle invasion germanique, en supposant que le peuple allemand reste dans l’état actuel de concentration offensive et de suffrage universel subordonné à une caste militaire. C’est se tromper que de croire que l’Europe lutte pour renforcer tels ou tels Etats comme