— 219 — Malgré la souplesse des partis et les recherches pour trouver une formule où puissent se concilier le rigide impérialisme et le droit à la vie nationale, la pensiée la plus chère à cette nation fut toujours affirmée avec courage, précisément par la Dalmatie. Il semblerait que la terre slave voulût, de la sorte, montrer ses attaches avec le génie latin unitaire, avide de clarté et d’organisation. Ces sentiments unitaires se condensèrent, en 1866, sous la plume du comte Pozza, dont l’ardente passion slave, nous l’avons vu, se manifestait déjà quand il était jeune étudiant à Pa-doue. Avant de subir, sous les deux derniers Obre-novitch, une éclipse longue et douloureuse, la Serbie s’était, en 1866, placée à la tête du mouvement politique yougoslave, comme maintenant, en 1914. Le Prince Michel dont, à Spala-to et à Zara, dans tous les cabinets de lecture slaves, est conservée l’effigie sur son lit de mort, avec l’inscription : « Tvoja misao poginu-ti nece » (Ta pensée vivra éternellement) — ce Prince avait rencontré de précieux collaborateurs en Croatie et en Dalmatie, surtout l’é-vêque Strossmayer et le parti national croate, dont les chefs étaient les députés Mrazovitch, Ratchki et Miskatovitch. Déjà, dans le peuple mûrissait la conviction que l’avenir de la race ne saurait plus être com-