- 206 — L’essentielle unité de la nation qui, du nom de ses deux branches, s’appelle la nation serbo-croate, fut toujours, pendant les luttes les plus rudes, affirmée par tous les fidèles de la langue qui, sauf de petites variations, est parlée depuis la Drave et depuis le Danube jusr qu’au dernier ilôt dalmate et qui règne forte, pleine, harmonieuse et une. Les Serbes et les Croates et les deux pays qui ont reçu spécialement leurs noms ne forment qu’une petite portion du patrimoine national et sont, comme la Bavière et la Prusse, la Saxe et le Hanovre, parties d’une seule nation. Sans doute, au Moyen-Age, les deux races ont formé deux Etats distincts ; mais alors beaucoup d’autres Etats de même sang et de même langue se constituèrent et prirent place sur la scène de l’histoire. Or, on voit encore deux Etats serbes, non séparés par la confession religieuse et cependant jusqu’à présent désunis, faute d’avoir atteint la maturité politique ou l’occasion historique qui, tout à coup renverse toutes les nevent. A Qênes, cependant, on ignorait ces œuvres, si grande, sur le même territoire, était la séparation de province à province. » Que l’on réfléchisse aux énormes distances qui, par manque de communications directes, existaient et existent toujours entre la Serbie et la Dalmatie, et entre cette dernière et la Croatie ; aux cordons de police tendus entre les différents pays slaves. Alors, on pourra compter les pas gigantesques faits, depuis 1830, dans la voie de l'unité littéraire serbo-croate.