— XXIII — Apennins. Ou si on le préfère, la côte orientale de VAdriatique est le poumon de la nation serbo-croate comme la côte occidentale de la mer Noire est le poumon de la nation bulgare. Arracher le poumon à un individu ou à une nation, c’est les condamner sans appel à la mort. Aussi longtemps que les peuples de l’arrière-territoire de la côte dalmate ou les gouvernements issus de ces peuples, préslaves ou slaves, ont cru avoir une dernière chance de posséder la côte dalmate et par conséquent, de respirer librement la brise de l’Adriatique, ils ont lutté jusqu’à la dernière goutte de sang pour la possession de la Dalmatie, c’est-à-dire de leur patrimoine maritime. Ce n’est que lorsque tout fut éteint à l’Est, au Nord-Est et au Sud-Est de la Dalmatie, lorsque toutes les libertés indigènes sombrèrent (Royaume de Croatie, Empire Serbe, Royaume de Bosnie, Royauté croato-hongroise) que Venise put s’emparer définitivement de la Dalmatie. Et encore elle ne la garda que négativement non pas en tant que puissance italienne, mais en tant que puissance orientale pour que les Turcs ne s’en emparassent pas et pour que la capitale même de cet empire maritime ne fût pas attaquée par les galères ottomanes. Voir à ¡’Appendice I, le tableau statistique de la population dalmate d’après le recensement officiel de 1911.