— LXVIII —
fie et la tombe de la fille de Cicca, Vekenega (Í1Í1) qui est le monument historique le plus remarquable de la capitale dalmate. Elle négligea aussi de brûler le livre de Lucius qui sauva de Voubli tous les documents croates qui se réfèrent à la fondation du monastère et au célèbre campanile de Ste-Marie érigé par les Zaratins pour rappeler l’entrée solennelle de Koloman, le mari divorcé de la princesse croate. — L’historien ragusain Resti (Cronache di Ragusa) dressa au XVIIlme siècle un violent réquisitoire contre cette politique de la Sérénis-sime. Ennuyée de l’impression désastreuse que l’ouvrage de Lucio avait fait en Dalmatie, de la démonstration serrée du grand patricien dalmate en faveur des droits imprescriptibles de la Couronne hungaro-croate sur la Dalmatie, Venise, — nous raconte Resti — sous prétexte de détruire quelques monuments érigés, contrairement aux lois vénitiennes, en mémoire de quelques patriciens de Venise, envoya en Dalmatie trois syndics qui dépouillèrent toutes les archives des villes dalmates. Toutes les chartes furent détruites. Sans l’œuvre de Lucio, qu’on lisait en cachette dans les maisons dalmates, sans la copie découverte par l’historien dalmate de la charte accordée par Koloman à la ville de Traù, le monde aurait prêté foi aux mensonges vénitiens, renouvelés de nos jours par les représentants sans scrupules d’une politique de proie