LA PLAINE DU VENETO mi-voix, comme dans un murmure. Il interroge les choses et écoute le silence. Puis, peu à peu, se croyant seul et se grisant de la douceur nocturne épandue autour de lui, il chante à plein gosier. Les trilles se succèdent, plus énergiques, deviennent des cris de joie et de désir. Il lance ses notes éclatantes par intervalles, semblant à chaque reprise clamer plus fort son appel d’amour. Et, toutes les fois, nous frissonnons, comme les amants de Vérone, lorsqu’ils entendaient le rossignol qui chantait sur un grenadier, dans le jardin des Capulets. IV Castelfranco Entre toutes les cités de la riche plaine vénitienne, je n’en connais pas qui aient un aspect plus pittoresque que les deux voisines, jadis rivales, de Cittadella et de Castelfranco. Encore enfermées dans leur enceinte du moyen âge, elles sont pareilles à des corbeilles de pierre tapissées de lierre que fleurissent, au printemps, les — 121 —