DANS LES COLLLNES EUGANÉENNES nie et arrosée par un système très complet de canaux, véritable jardin d’une fertilité surabondante, où les chemins disparaissent sous les verdures. A droite, s’élèvent les monts Euganéens, petite chaîne volcanique brusquement surgie au-dessus de la plaine, ne se rattachant ni aux contreforts des Alpes de Vérone, ni aux Apennins. Leurs cratères éteints ont des formes bizarres, mais toujours harmonieuses, ainsi que le note très justement Chateaubriand, qui goûta fort ce pays. « Elle est charmante, dit-il, cette route jusqu’à Monselice: collines d’une élégance extrême, vergers de figuiers, de mûriers et de saules festonnés de vignes... Les monts Euganéens se doraient de l’or du couchant avec une agréable variété de formes et une grande pureté de lignes : un de ces monts ressemblait à la principale pyramide de Saccharah, lorsqu’elle s’imprime au soleil tombant sur Thorizon de la Libye. » Et il achève de s’exalter en pensant qu’il traverse un des coins du monde les plus féconds en écrivains et en poètes. Il cite pêle-mêle Tite-Live, Virgile, Catulle, Arioste, le Tasse, Pétrarque, bien d’autres encore. En réalité et pour être précis, je ne vois que deux souvenirs littéraires qui soient vraiment locaux : la naissance de Tite-Live à Abano, et la mort de Pétrarque dans le petit village d’Arquà. Toute la contrée est riche en sources thermales. Les cratères euganéens ne vomissent plus de lave; mais les — 3i —