LA COURONNE DE VENISE çons dans la vie, nous nous rapprochons de la terre, comme pour nous faire une amie de celle qui va nous recevoir. L’éclat des cités bruyantes ne tente plus les regards prêts à s’éteindre ; rien n’est aussi doux aux vieillards que les rayons cl’un beau soleil. C’est ce qu’exprima Byron dans les magnifiques strophes de Childe Harold où il évoque Pétrarque : « Si c’est dans la société que nous apprenons à vivre, c’est la solitude qui nous enseigne à mourir. » Dans plusieurs de ses dernières lettres, le poète nous parle de son jardin, et surtout de l’arbre qui lui fut cher, le laurier dont le feuillage l’avait couronné au Capitole et dont le nom lui rappelait l’amante inoubliée. Symbole de l’amour et de la gloire — qu’il poursuivit plus que l’amour — il chanta jusqu’à la fin le charme Del dolce lauro e sua vista fiorita. La légende prétend que tous les lauriers gelèrent au cours du rude hiver qui suivit la mort de Pétrarque ; ceux de son jardin ne durent pas être épargnés. Pourtant, il n’y a rien d’impossible à ce que celui qui pousse encore contre le mur de la maison soit un lointain rejeton de ceux qu'il planta. Et cette idée me fait un moment hésiter à prendre la branche que me tend une main... O poète, je n’ai d’autre titre à cet hommage que — 44 —