DANS LES COLLINES EUGANÉENNES terre. » Couché très tôt, comme les paysans cTArquà, il se lève avant eux, au milieu de la nuit, allume la petite lampe suspendue au-dessus de son pupitre, et travaille jusqu’à l’aube. C’est là qu’un matin de juillet, ses domestiques l’aperçurent, courbé sur un livre. Comme ils le voyaient souvent dans cette attitude, ils n’y prêtèrent point attention. Pétrarque était mort dans la nuit. M. Pierre de Nolhac croit avoir retrouvé le manuscrit où s’arrêta sa main tremblante, sur un renvoi aux lettres de Cicéron. Il suppose que Pétrarque fit un effort pour aller vérifier la référence et qu’il s’évanouit en se rasseyant. Je préfère l’ancienne version, d’après laquelle sa tête serait retombée inerte, sur les pages de son Virgile favori. Certes, Cicéron et Virgile furent par lui adorés presque également et il les confondit, jusqu’à la fin de sa vie, dans une fidèle admiration : Questi son gli occki délia lingua nostra. Mais sa plus grande tendresse était pour le poète. 11 avait recherché ses souvenirs à Mantoue. Ses œuvres ne le quittaient jamais, même en voyage. Tous les lettrés connaissent le manuscrit sur vélin, annoté de sa main, qui fait la gloire de l’Ambrosienne, après avoir été quelque temps, sous Napoléon Ier, l’orgueil de la Nationale. Il me plaît d’imaginer que c’est ce volume qu’il prit pour - 49 -