SUR LES PRÉ ALPES DE VÉNÉTIE l’indépendance, et, comme elles, se donna, d’un élan unanime, à la maison de Savoie. La plus grande fierté de Bassano est pour son vieux pont couvert dont la seule histoire demanderait un chapitre. Parfois en pierre, le plus souvent en bois, soit emporté par le torrent, soit incendié, soit détruit par la guerre, il fallut, rien qu’au cours des quatre derniers siècles, le reconstruire plus de dix fois. Le pont actuel remplace celui qu’Eugène de Beauharnais brûla en i8i3 ; ses piles gardent encore, encastrés dans leurs moellons, des boulets français. Moins long, mais plus large que celui de Pavie sur le Tessin, il a beaucoup de caractère, surtout quand on le regarde du lit de la rivière. Il complète le plus pittoresquement du monde le tableau que forme la cité, avec ses maisons et ses jardins étagés dont les fondations descendent jusqu’au fleuve qui, parfois, les secoue un peu rudement. En haut, par-dessus les toits et les arbres, se dresse l’ancien château fort. Toute la colline se reflète dans l’eau pure que raie seulement le vol agile des hirondelles poursuivant d’invisibles insectes. Comme à Pieve di Cadore, on chercherait vainement, dans Bassano, des rues planes et droites. Toutes montent et tournent, s’enchevêtrent dans le plus amusant pêle-mêle. Quelques-unes sont comme suspendues au-dessus de la vallée. Des portails s’ouvrent sur la campagne, semblent encadrer l’horizon. Ce qui ajoute au — 75 —