DANS LES COLLINES EUGANÊENNES ma pieuse admiration pour toi; mais je sais bien que tu ne blâmerais point un geste que dicta l’amour... Un étroit escalier monte à une petite loggia soutenue par trois colonnes. Tout est exigu dans le jardin et dans la maison, ainsi qu’il le fallait pour le vieillard ayant constamment besoin d’un appui à la portée de sa main. L’amant de la solitude n’avait pas hésité entre le palais que lui offrait Venise, en échange du don de ses livres, et le calme asile que lui proposa François de Carrare dans les monts Euganéens. «Oh! écrit-il à un de ses amis de Parme, si tu pouvais voir mon nouvel Hélicon, je suis sûr que tu ne voudrais plus le quitter. » La maison, très simple, comprend un vestibule sur lequel ouvrent les différentes chambres ; presque toutes ont des balcons d’où l’on embrasse, soit les collines étagées s’abritant l’une l’autre contre les vents, soit, par-dessus les toits du village, la vaste plaine de Battaglia. La demeure où vécut un écrivain parle toujours à notre sensibilité, surtout quand elle est dans un village, et, mieux encore, au milieu des champs. C’est que la nature ne change guère et qu’après plusieurs siècles, nous retrouvons les mêmes montagnes et les mêmes fleuves, et, bien souvent, les mêmes forêts et les mêmes prairies. Peu d’années, au contraire, suffisent à altérer l’aspect d’une ville; et, quand la maison du poete est intacte, autour d’elle tout s’est modifié. Comment retrouver la - 45 -