LA COURONNE DE VENISE païennes : c’est ainsi que les chambres sont dites de Vénus, de la Sainte-Famille, à'Hercule et de VEcce homo, suivant le sujet de la fresque principale. Ce qu’il y a de plus parfait, c’est la partie centrale : la belle loggia où une très noble Cérès vous reçoit, comme il sied, au seuil de cette maison champêtre; le vestibule, dont le plafond est orné des feuillages d’une magnifique treille ; et surtout la grande salle, aux harmonieuses proportions, entièrement décorée de colonnes feintes, de niches et de statues en trompe-l’œil. C’est là que sont les deux meilleures œuvres : la Mort de Virginia et la Continence de Sci-pion. Il n’est pas douteux qu’elles soient de la main de Zelotti ; mais Véronèse n’y a-t-il pas collaboré et dans quelle mesure ? S’est-il borné à donner des indications générales ou a-t-il exécuté certains morceaux ? Là-dessus on discutera sans doute longtemps. Je crois que Véronèse n’est pas étranger à ces fresques. L’argument qu’elles ne valent pas celles de la villa Barbaro ne prouve rien ; car, de quinze ans plus anciennes, elles sont d’une époque où le jeune Paolo Caliari, sous l’influence directe des maîtres de Vérone, cherchait encore sa voie et n’avait pas eu îa révélation de Titien et des grands Vénitiens. Il me semble vraisemblable d’admettre qu’il a composé et dessiné les sujets les plus importants, laissant à Zelotti le soin d’achever seul le travail; celui-ci était d'ailleurs un coloriste réputé que Vasari déclare supé- - 90 —