LA PLAINE DU VENETO Au sortir de l’hôtel, je n’avais trouvé qu’une ville sans grand caractère, propre et animée, avec de larges voies bordées d’arcades et de maisons où s’affirme le style vénitien ; mais, brusquement, au tournant d’une rue, j’ai débouchésur laplace que je cherchais. Je la savais belle: je ne l’irhaginais point si magnifique. Entourée de palais et de portiques, ornée de statues et de colonnes, dominée par la haute masse du château, d’où qu’on la regarde, son aspect est des plus pittoresques. Tout s’arrange à merveille ; rien ne fait surcharge. Et pourtant, sur un espace des plus réduits, il y a : d'un côté, une galerie du xvi° siècle, dite Loggia di San Giovanni, et une tour de l’Horloge dans le goût de celle de Venise; au milieu, une fontaine dessinée par Jean d’Udine, deux colonnes dont l’une porte le lion de saint Marc, deux figures de géants, une statue de la Paix donnée par Napoléon Ier, en souvenir du traité de Campo-F'ormio, et, bien entendu, un monument équestre de Victor-Emmanuel II; enfin, sur l’autre flanc de la place, la jolie Loggia del Lionello, du nom de l’architecte local qui construisit cet hôtel de ville, au xve siècle, en s'inspirant très habilement du Palais Ducal. Vraiment, cet ensemble, au-dessus duquel s'élèvent le campanile de l’église Sainte-Marie et les imposantes murailles du château, constitue l’une des plus séduisantes visions que réservent aux touristes les petites cités d’Italie. Il est seulement dommage que le municipe ait été presque — 97 —