LA COURONNE DE VENISE belles. Si, comme le raconte la légende, cette colline fut élevée sur l’ordre d’Attila qui voulait contempler de loin l’incendie d’Aquilée, on doit avouer que le barbare, autant que Néron, était un prodigieux metteur en scène. Dans toute l’Italie où l’on eut, dès les temps les plus reculés, le génie de ces perspectives qui mettent l’infini à la portée d’une ville, il est peu déposition aussi splendide. A quelques mètres seulement d’altitude, on a l’illusion d’être haut dans l’espace. Situation privilégiée pour une capitale qui peut, au centre même du pays, apercevoir celui-ci tout entier et le surveiller ! En une courbe presque régulière, le Frioul se déroule autour d’Udine, gigantesque amphithéâtre qui va, se dégradant peu à peu, des Alpes neigeuses aux Préalpes vertes, de celles-ci aux collines couvertes de vignes et de bois, des collines à la plaine doucement inclinée, et de la plaine aux lagunes. Vu d’ici, le cercle des Alpes Carniques forme une haute et rude barrière que dominent à l’estle Canin, et, à l’ouest, très en arrière, dans la direction de Gemona, le Coglians, qui est la cime la plus élevée de la contrée. Bien que ces sommets n’atteignent pas 3.ooo mètres, comme on les regarde presque du niveau delà mer, ils ont fière allure. Déjà les premières fraîcheurs de septembre les ont poudrés de neige. Deux jeunes gens, qui doivent en être descendus depuis peu, les contemplent avec ces yeux pleins de tristesse nostalgique qu’ont les montagnards en pays — ioo —-