LA COURONNE DE VENISE le salon; elles avaient été commandées au peintre parles Pisani, héritiers des Contarini. La principale commémorait la visite du roi de F rance ; mais le peintre n’avait guère eu souci d’exactitude. Pour le portrait du Valois, on comprend quJil se soit borné à copier celui de Vicentino; pour le décor, on peut s’étonner qu’il n’ait même pas pris la peine de reproduire d’après nature le paysage et le palais. Mais l'œuvre est belle au point de vue décoratif et la scène imaginée par le peintre a de l’allure : Henri III monte les degrés d’une terrasse, suivi d’un long cortège de gentilshommes français et polonais, de pages, de gardes et de nains; le vieux Contarini, en toge, entouré de sénateurs et de patriciens, s’incline devant le jeune souverain. L’autre villa de Mira où j’ai voulu m’arrêter est le palais Ferrigli, qui appartint autrefois aux Foscarini. Son aspect n’a rien de remarquable et l’on ne peut même plus y évoquer l’amoureuse figure de cet Antonio Foscarini, qui aurait subi la peine capitale plutôt que de compromettre l’honneur d’une femme. La loi de la République punissait de mort tout patricien qui entrait de nuit chez un diplomate étranger ; et la fable prétendait qu’un soir, le fils du doge, ayant dû s’enfuir précipitamment de chez une Vénitienne, n’avait eu d’autre ressource que de sauter par la fenêtre sur un balcon voisin, qui se trouva être celui de l’ambassade d’Espagne. Il est établi aujourd’hui — 18 —