56 EMILIO PRASCA poppe de l’ennemi et en continuant le feu avec le canon a boulet et mitraille de même qu’avec les petites armes. « Dans le troisième abordage je lui ai enlevé le bâton d’enseigne avec le pavillon qu’avant été porté en triomphe par quelqu’un de mes matelots tout au long de la demy galere a occasioné de nouveau cris de « Vive le Roy» qui m’assurèrent plus que jamais du courage de mon brave equipage; enfin j’ai vu le moment que tout allait être décidé en faveur des armes du Roy lorsque un instant de bonheur a amélioré le sort de l’ennemi car le vent ayant donné sur le mat aux voilles de l’avant l’a fait abattre sur bord et a prolongé le cotté de la « Beate Marguerite ». «L’ennemi a voulu profitter de cette position favorable en me jettant pendant trois fois les crocs d’abordage mais deffendu pour la mosquetterie je l’ai forcé a depasser ma pouppe. Voyant qu’il ne pouvait réussir à m’aborder il a recommencé le feu de sa batterie a boulet et mitraille. Pendant cet interval je travaillois à me debarasser de cette position critique et a reparer les maneuvres qui avaient été coupées par des coups de sabre de l’ennemi dans le temps que nos étions accrochés. Des que j’ai été prêt j’ai repris ma route pour rengager le combat, mais connue durant l’action et dans le temps que je faisois les susdites réparations l’ennemi s’etois toujours approché de la Corse. S’en voyant allors très près a immediatament cessé son feu, je n’ai plus osé continuer le mien dans ces parages de façon qu’après deux heures et un quart de combat il a fallu me déterminer à la suivre pendant quelques tems pour voir s’il voulait reprendre le large affin de recommencer le combat, mais voyant q’il alloit entrer dans le golfe de Santa Julia en Corse et ne me trouvant plus en état de me tenir en croisière à cause du vent très frais à l’ouest et du mauvais état des agrès voilles et ranimes (pii avaient considérablement souffert pendant le combat, les circostances m’ont obligé à midi à faire route pour les isles intermédiaires.