l’aigle blanc 223 à peu près. L’Allemagne a renoncé à son armée polonaise. Mais s’il n’a pas atteint son objet militaire, le Gouvernement allemand avait obtenu, comme il arrive, des résultats auxquels il ne songeait pas. Il était parvenu, après deux mois d’efforts postérieurs à sa proclamation, à former un gouvernement polonais, c’est-à-dire à réunir autour d’une table, sous une tenture décorée de l’Aigle blanc, un certain nombre de Polonais authentiques qui n’ont jamais rien gouverné, et qui ont trouvé devant eux une moitié de la population hostile et l’autre réservée. Mais il n’était pas indifférent qu’il y eût quelque part un gouvernement composé, sous le protectorat allemand, de Polonais des classes moyennes, ingénieurs, petits propriétaires, administrateurs de sociétés populaires ou caisses d’épargne. La chose, encore, ne s’était pas faite sans peine. Le gouverneur Bæseler invita les partis à lui désigner leurs délégués à ce « Conseil d’État ». More majorum, les partis polonais commencèrent à se disputer sur le nombre de délégués auquel chaque parti avait droit. Mais il n’y avait pas que l’obéissance aux traditions nationales dans ces discussions; il y avait encore des motifs plus profonds. Bæseler finit par s’impatienter, frappa sur la table de son poing poméranien, puis déclara que, si les partis ne lui présentaient pas leurs candidats dans les vingt-quatre heures, il nommerait lui-même son Conseil d’État. Aussitôt la Ligue des partis, ou réunion des six partis de droite et du centre, rompit la conversation et se retira, refusant toute