CHAPITRE IV LE ROYAUME DU CALICE Venons à un monde meilleur. Prague, capitale éternelle des pays tchèques, la ville des clochers et des pinacles, la ville « aux cent tours » ceintes de hautes terrasses et flanquées de clochetons du gothique le plus pur, garde les souvenirs et les témoignages d’une des plus belles histoires et les plus riches en miracles dont se puisse enorgueillir un vieux peuple. Le merveilleux en cette histoire, c’est qu’elle est coupée de sommeils séculaires, suivis de glorieux réveils. C’est ici le peuple de Lazare, qui ne sait pas rester au tombeau. Des siècles, et M. Thiers lui-même, dans un de ses plus célèbres discours, ont ignoré qu’il y eût un peuple tchèque ; il a toujours reparu, comme ces fleuves qui renaissent après un cours souterrain. Aussi verrez-vous toujours, à Prague, les sentinelles de l’Autriche monter autour des reliques tchèques une garde inutile. Le vieux pont, véritable .voie royale que le grand Charles IV bâtit pour réunir son château à sa ville, on le franchit depuis le dix-huitième siècle entre une double haie de statues religieuses plantées sur ses piles; ce sont des saints jésuites, des saints po-