LE « DE CUJUS »
l’état de paix, en ce qu’il est moins troublé et plus paisible. Le beau, en cette affaire, ce n’est pas tant que les portes de bronze qui ornent l’architecture gréco-munichoise du palais du Reichsrath soient restées closes, alors que les représentants de tous les autres peuples en guerre étaient rassemblés, c’est que, dans la Double Monarchie même, sur la rive brillante du Danube, au pied de la colline de Buda, à cinq heures de Vienne, le vacarme parlementaire hongrois, le plus ancien et le plus assourdissant du monde entier, n’a guère cessé. Nul ne semble avoir songé en Autriche au souci de symétrie qui, à défaut d’autre motif, aurait pu commander la convocation du Reichsrath. En sorte que sur les querelles magyares, qui rappellent le souvenir des vieilles coutumes des diètes polonaises, sur les efforts du comte Tisza pour dominer son opposition, sur les reproches qui perçaient contre cette politique qui a déchaîné la guerre, nous étions parfaitement renseignés par les débats du Parlement hongrois, cependant qu’en Autriche il ne se passait rien qui sollicitât l’attention de personne. Notez d’ailleurs que la Hongrie n’a connu qu’un seul changement de direction, alors que l’Autriche moribonde était sans cesse agitée de soubresauts ministériels. Le secret véritable de ces révolutions de chancellerie, c’est justement que les Hongrois, bousculant la vieille aristocratie autrichienne, occupaient les grands postes de l’Empire et remettaient toutes les directions aux mains vigoureuses de Tisza, lequel avait son traité personnel avec l’empereur d’Allemagne.
   Si le Parlement s’est tu longtemps, la presse ex-