LES « MUETS » AUTRICHIENS Luther et le Dieu qu’on adore à Berlin. Les yeux de milliers de sujets d’un empire catholique s’ou-vraient à la Réforme, avec quatre siècles de retard. Qu’ils étaient ingrats, d’avance ! Ils ne savaient pas quelle fidélité tenace la cour de Rome conserverait au gouvernement des Habsbourg, aux moments suprêmes ! Ils ont traversé, les premiers, cette crise douloureuse aux fidèles des religions internationales, exposés à éprouver l’angoisse de quelque dissidence entre leur foi nationale et leur foi religieuse. Aux esprits autrichiens la guerre a inspiré le mépris de leur propre Gouvernement ; elle a accru pour eux l’admiration de l’Allemagne à laquelle ils étaient déjà si favorablement disposés. Une telle idée n’est peut-être pas rigoureusement conforme aux récits que font de la guerre ceux qui ont mission d’en écrire l’histoire, je veux dire les journaux quotidiens. Ils ont la charge, doublement honorable et deux fois difficile, de renseigner et de soutenir l’esprit public. Il arrive que ces deux objets soit contradictoires et que 1’ « objectivité » en souffre. L’objectivité est une vertu philosophique, qu’on ne saurait par conséquent pratiquer tous les jours, et dont les Allemands font grand cas, en l’offensant beaucoup plus que nous. Pour le cas présent, il est entendu que les Autrichiens souffrent de leur vassalité, qu’elle les atteint dans leur amour-propre, dans leurs intérêts, dans leur sens national, qu’ils la supportent avec une impatience jalouse, et qu’un jour doit venir où I Allemagne rencontrera sur sa route ces difficultés, ces ressentiments aujourd’hui contenus et l’explo-