l’aigle blanc 2l5 C’était compter sans le compère. Aveugles à cette vérité qui crevait les yeux, ils n’apercevaient pas que, « même si le hussard austro-hongrois entrait à Varsovie, ce serait le uhlan qui y resterait » ('). Peut-être leur déception porte-t-elle une grande moralité politique. Serait-il vrai que c’est une tout autre chose d’être ministre en temps de paix et ministre en temps de guerre, que la souplesse aux transactions, la méthode qui élude les grandes questions, qui étouffe les passions populaires par des « compromis », qui résout les difficultés politiques en satisfaisant les hommes politiques, que ce système d’assoupissement et proprement de corruption qui est toute l’Autriche soit incapable de fonder un État ou de ressusciter une nation, que pour cette raison enfin l’habileté experte d’un Bi-linski, d’un Bobrzynski ou d’un Korytovvski, ministres, présidents et gouverneurs, soit impuissante à ressusciter la Pologne? On tremble à la sévérité de ces conclusions morales, qui franchissent les frontières de Pologne pour se répandre en d’autres pays belligérants. Quand le uhlan prussien et le hussard austro-hongrois entrèrent de compagnie en Pologne, on établit d’abord un régime militaire qui divisait le Royaume en deux zones fort inégales, le Prussien gardant les deux tiers du pays et la capitale. Quia nominor leo. Puis, dès le commencement de 1916, on songea à établir un régime civil, permanent. C’est ici que le mauvais larron montra son éternelle supériorité sur le bon. On assure que les der- (1) Voir ci-dessus, p. 85.