l’illyrie 29 de fondre tous les dialectes dalmates, slovènes, croates. Comme au pays tchèque et dans le même temps, un mouvement littéraire agitait tous les Slaves du Sud. Des matiça ou académies provinciales surgissaient partout et jusqu’en territoire hongrois chez les Serbes de Neusatz. L’Allemand devient inquiet à Vienne, le Magyar ombrageux à Pesth, si bien qu’en 1843 l’Empereur, par une inspiration qui semble venir d’une opérette, interdit par décret de prononcer le mot même d’Illyrie dans tout son empire. Les Slaves des provinces héréditaires d’Autriche, soumis à Vienne, retombent dans un sommeil national d’où ils ne se réveilleront que dans l’hiver 1912-1913. Mais presque au même moment, le sentiment national brille en Croatie d’un éclat inattendu, qui rayonne par l’action d’un soldat, le ban Jellacic, et d’un prêtre, l’évêque Stross-mayer. Depuis plusieurs siècles, la Croatie était connue de l’Europe comme un pays de recrutement militaire. Très haut dans l’histoire des guerres on peut suivre l’épouvante qui grondait au loin devant l’a-vant-garde des régiments croates. Notre armée de l’ancien régime en avait un, le Royal-Cravate, et c’est à cause de la séduction qu’on trouva à un détail de leur équipement que nous portons encore un ornement de couleur autour du cou. Ce peuple brave était libre, du moins il le croit et le soutient. Le royaume de Croatie était certainement formé au dixième siècle. Les deux couronnes de Hongrie et de Croatie furent de bonne heure réunies sur la même tête doublement royale. Sur l’interprétation de ce fait historique, on n’est