Iû6 DE LA SUCCESSION d’aüTRICHE lenir les griefs et les colères des nations sujettes contre l’Empire a révélé pendant la guerre tous ses bienfaits. Et non pas seulement en emprisonnant sans autre forme de procès dans ces cachots autrichiens qui ont vu depuis quatre-vingts ans les plus nobles victimes de l’Europe, tous les chefs politiques, les Dalmates et les Serbes dès le début de la guerre, les Tchèques après huit mois d’hypocrite mansuétude, mais parce qu’elle a, grâce aux habitudes auxquelles elle avait façonné les peuples de la Monarchie, procuré au Gouvernement de Vienne cet avantage d’être parfaitement isolé et ignoré au milieu de l’Europe. Car l’Autriche fut longtemps, durant la guerre, un cercle fermé sur lequel nous n’avions aucune lumière. Ecrire sur l’histoire de l’Autriche depuis la guerre est encore une entreprise conjecturale où nous nous guidons à tâtons, à travers les hypothèses, en l’absence de suffisantes informations. Les années qui ont suivi la mort de Rodolphe de Habsbourg, au treizième siècle, ou les circonstances qui ont entouré la publication de la Bulle d’Or, problèmes historiques réputés obscurs, nous sont probablement mieux connues, de sources plus abondantes, que les trois années de la guerre de 1914 en Cisleithanie. Jusqu’à ces derniers temps, ni parlement ni presse. On sait que de tous les Etats belligérants, l’Autriche est le seul qui ait tenu son Parlement fermé trois années durant. L’Administration autrichienne était la seule qui n’eût à fournir aucune explication, aucune justification à personne, sous aucun prétexte. Les bureaucrates viennois devaient-penser que l’état de guerre se distingue avec avantage de