LES « MUETS » AUTRICHIENS 169 ministère des Hongrois, en attendant l’occasion de ce que le langage des mécaniciens appelle la prise directe. Quand l’Empereur l’avait appelé au ministère commun des Aiïaires étrangères pour y succéder à d’Æhrental, grand ministre à peu de frais qui avait donné une province à son maître et gâté le métier en abandonnant le Sandjak et en déclarant que l’Autriche était saturée de territoires, — quelle imprudence ! — Berchtold, se souvenant de Godefroy de Bouillon, écrivait à l’un de ses amis : « C’est une couronne d’épines que mon maître m’ordonne de ceindre. » Il la déposa quand elle eut ensanglanté son front chauve. Grand seigneur opulent, il se reposa dès lors dans sa fortune, l’une des plus puissantes de l’Empire. De sa terre de Buchlau ou de ses terres hongroises, le dernier ministre autrichien voyait cette guerre qu’il avait déclarée avec épouvante effacer chaque jour les dernières traces de ce qui fut l’empire d’Autriche... Ami du nouveau souverain, il est revenu au pouvoir avec lui et anime tout son gouvernement. Son incertaine destinée veut sans doute qu’il subisse encore cette domination germanique, désormais plus forte et qu’il continuera à déplorer avec une constance secrète, tout en la servant avec fidélité. D’autres, bien rares, pensaient comme lui, dit-on, et dévoraient leurs regrets impuissants. Tel, le baron Heinold qui fut longtemps gouverneur de Moravie ; il était devenu, au commencement de la guerre, ministre de l’intérieur et administrait d accord avec le comte Thun, alors gouverneur de