70 DE LA SUCCESSION d’aUTRICHE une notion politique quelconque, dans l’ignorance de l’Etat et de son action. Ne criez pas à la chimère : je sais d’autres hommes, qui nous sont infiniment chers, durement enchaînés, eux aussi, à une autre frontière, qui, peut-être, poursuivent le même rêve. Là-bas, à Varsovie, dans cette ville brillante et vivante, mais qui garde je ne sais quelle tristesse morne qui semble monter de la Vistule, de l’immense et royale Vistule déjà endormie, ville fière de sa vie intellectuelle, de ses innombrables éditions scientifiques, littéraires, philosophiques, jaillissant de l’antique culture polonaise, hors de la pauvre Université russe, étrangère et isolée, j’ai rencontré parfois des hommes d’action animant de leur volonté persévérante, efficace, de puissantes associations, des hommes de ce type nouveau, peu connu de l’histoire : le Polonais au courage taciturne. * * * Les Polonais du grand-duché reprochent aux Prussiens de poursuivre contre eux une politique d’odieuse brutalité; les « désenchantés » du Royaume reprochent aux Russes de suivre contre la Pologne un plan calculé d’immoralité. Le Russe, si âpre chez lui dans sa lutte contre tous les éléments étrangers à sa race, favoriserait en Pologne ces mêmes éléments, destinés à adultérer la nationalité polonaise. Volontiers il les importerait ; parfois il les refoule de ses propres terres. Tels, à des degrés divers, les socialistes, les Allemands, les juifs.