28 DE LA SUCCESSION d’aUTRICHE œuvres interrompues. On lui dit que c’étaient les Français. « Quel dommage, reprit-il avec une bonhomie bien autrichienne, quel dommage donc que les Français ne soient pas demeurés plus longtemps ! » Le génie du peuple, sa littérature, ses chants, sa poésie, tentèrent de conserver cet esprit illyrien que la politique avait ressuscité. Ce mouvement a été soupçonné de l’Europe grâce à une supercherie littéraire de Mérimée qui ne connut pas de plus grande joie que de mystifier ses contemporains par ce mélange imperturbable de « fumisteries » de ra-pins qu’il soutenait avec la correction glaciale de l’homme du monde. Se trouvant vers 1827 d’humeur à voyager, et sans ressources, il résolut de bouleverser les méthodes de voyage alors connues et de publier d’abord les découvertes qu’il devait faire, sans manquer ensuite de consacrer le prix de cet ouvrage à aller « vérifier » ce qu’il avait inventé, car il avait une sévère conscience d’érudit. C’est ainsi qu’il imagina le personnage d’Hyacintlie Moglanovitch, joueur de guzla, et publia les poèmes illyriens de ce barde fictif. L’Europe fut transportée d’admiration pour ces chants sauvages, et l’inévitable professeur allemand se rencontra pour féliciter Mérimée de l’exactitude de sa traduction, sous laquelle il retrouvait le mètre des vers illyriens. C’est ainsi que l’illyrisme pénétra dans la littérature internationale. Avec moins de retentissement hors de PEmpire puisqu’ils étaient véritables, le grand poète croate Ludevit Gaj publiait ses chants nationaux, surtout : Non, la Croatie n’est pas morte, et tentait sous le nom d’illyrisme