l’aigle blanc 207 rendre à la Pologne prussienne son esprit national : elle l’a organisée contre elle-même. C’est un point de grandes conséquences que vous pouvez suivre à l’intérieur de l’Allemagne et à l’extérieur. Vous n’avez pas oublié que nous faisons la guerre au militarisme prussien. Or, le remède spécifique au militarisme prussien, c’est la restitution de la Pologne. Supposez, pour une démonstration correcte, le problème résolu et les terres polonaises de Prusse rattachées à la Pologne unifiée. La Prusse serait un Etat dont la capitale serait séparée de sa frontière par i5o kilomètres environ, en pays plat. Ses provinces seraient coupées par la ligne de la Vistule; la Prusse Orientale, jadis Prusse ducale par opposition à la Prusse royale ou polonaise, serait isolée sur les tristes rivages de la Baltique. Car les « Marches de l’Est » ( Ostmarken) ne sont pas limitées à la Posnanie. Il y a encore les milliers de Polonais de la Haute-Silésie, réveillés par la persécution (régence d’Opole), les 3oo.ooo Mazures de cette région des lacs Mazures où l’armée russe a poussé son raid généreux et héroïque d’août igi4, enfin les 600.000 Polonais de la Prusse Occidentale, plus denses à mesure qu’on s’approche de la mer et qui dans le voisinage de Gdansk (Dantzig) atteignent 73 0/0 de la population. Les statistiques allemandes dissimulent comme elles peuvent ces populations sous le nom de Cachoubes : ce sont de purs Polonais. Après la soustraction de ces quatre millions d’habitants et de cette bande de territoire le long de la Vistule, que pèserait la Prusse en Allemagne ? Sa densité spécifique en serait évidemment modifiée. Quelle serait sa situation à l’égard des autres États ?