LE PRÉTENDANT - MITTELEUROPA 147 familier : l’aigle aux serres accrochées aux rochers rouges, de lignes verticales, de l’abrupte Héligo-land, et qui tend son bec vorace vers les mers d’Occident. Le centre et la Bavière ont été dans cette affaire une fois de plus conjugués; le centre est à cheval sur tous les partis politiques comme la Bavière sur le Danube et le Main. La première manifestation annexioniste, déjà ancienne, fut celle du vieux roi : elle visait la vallée du Bhin. Si Ratisbonne, qui deviendrait un grand port fluvial, se tourne vers le Mitteleuropa, les gens de Franconie, les riverains du Main pensent aux bouches du Rhin qui les conduiraient à la mer libre par voie d’eau. Les Bavarois sont liés aux magnats de Westphalie, aux pangermanistes de la Rheinische-Westphñ-lische Zeitung. Enfin l’Autriche et la Belgique sont l’une et l’autre catholiques et attirent le parti en sens contraire. Le Centre semblait donc pencher vers les annexions occidentales jusqu’au coup d’État d’Erz-berger (juillet 1917) qui, sensible aux intérêts de l’Autriche, docile aux instructions pontificales, a rejeté brusquement son parti du côté de la « paix sans annexions », c’est-à-dire du Mitteleuropa. * * Le Mitteleuropa apparut ainsi longtemps en Allemagne comme le projet d’une poignée de politiques perdue dans une opinion enragée. Le Gouvernement, qui savait, aurait voulu se tenir avec les