LE « DE CUJUS >1 97 Il traîna son implacable vieillesse dans ces palais et ces jardins charmants et brillants de Schœn-brunn, dorés jadis d’un tel éclat par la gloire de Napoléon, et qu’il assombrit. C’est là, qu’en ces jours d’angoisse, d’une angoisse que seul dans l’univers il ignorait, il survécut à ses malheurs, à son crime. C’est là que l’avant-dernier des Habsbourg survivait à son empire. Les considérations sur la dislocation de la Double Monarchie étaient naguère plus variées : tous les prophètes ne la jugeaient pas inévitable ni prochaine; tout au contraire, car sur ce point s’élevaient deux sortes de vaticinations, et les docteurs étaient, comme il convient, partagés en deux écoles. Les uns montraient les nationalités de l’Empire s’éloignant les unes des autres, parmi le plus discordant tumulte politique et parlementaire, les autres marquaient la force du lien personnel qui les unissait, de la nécessité politique qui maintenait ces peuples petits et divers en un grand Etat avec rang de grande puissance dans les conseils de l’Europe. Il y avait la thèse de la fragilité et la thèse de la nécessité de l’Empire austro-hongrois. Des deux côtés, d’ailleurs, clairvoyance égale, et l’on sentait qu’à entendre tant de science, d’information et de sagesse, le Destin devait balancer et la Providence hésiter à décider. Mais en tout cela il n’était question que de la mort naturelle de la Double Monarchie ou de sa persistance pacifique. On discutait sur la dislocation spontanée, ou sur la cohésion durable des forces intérieures de cette curieuse formation historique. Mais que, dans la confusion universelle et SUCCESSION D’AUTRICHE 7